Pierre Atepa : « Voici comment l’immeuble de Madiambal étouffe le Phare des Mamelles, monument historique, et le Monument de la Renaissance Africaine »
Views: 6992 min readL’architecte Pierre Goudiaby Atepa dénonce la construction d’un immeuble par Madiambal Diagne, qu’il accuse de défigurer le paysage de Dakar en étouffant deux monuments emblématiques : le Phare des Mamelles et le Monument de la Renaissance Africaine. Atepa appelle à une mobilisation pour protéger ces symboles historiques de l’invasion urbaine.
Le Phare des Mamelles, construit en 1864, est l’un des plus anciens phares d’Afrique de l’Ouest encore en activité. Avec le Monument de la Renaissance Africaine, érigé en 2010, ils dominent tous deux la presqu’île du Cap-Vert, offrant une vue imprenable sur l’océan Atlantique. Mais cette vue pourrait bientôt être obstruée.
« L’immeuble de Madiambal Diagne, par son envergure et sa proximité avec ces monuments, étouffe littéralement ces symboles de notre histoire et de notre culture », déclare Pierre Atepa. « Ce bâtiment, qui s’élève au-dessus de tout, risque de transformer un site autrefois majestueux en un simple arrière-plan pour une structure qui n’a rien à voir avec notre patrimoine. Si vous pensez que c’est inadmissible, il faut bien le dire. »
Pour Atepa, ce projet immobilier soulève des questions plus larges sur la manière dont les espaces publics sont gérés et sur le respect des normes d’urbanisme à Dakar. « Comment peut-on autoriser la construction d’un tel immeuble sans tenir compte de l’impact visuel sur des monuments historiques aussi importants ? », s’interroge-t-il.
L’architecte appelle les autorités à revoir les plans d’urbanisation de la capitale pour éviter de tels incidents à l’avenir. « Dakar a besoin de se développer, mais pas au détriment de son patrimoine. Nous devons trouver un équilibre entre modernité et préservation de notre histoire. »
Pierre Atepa ne se contente pas de dénoncer, il invite également la société civile à se mobiliser pour défendre les monuments historiques du Sénégal. « Il est crucial que les Dakarois, et plus largement tous les Sénégalais, prennent conscience de la valeur de leur patrimoine. Ne laissons pas nos symboles être réduits à des ombres dans leur propre pays. Si nous ne parlons pas maintenant, il sera peut-être trop tard pour protéger ce qui fait notre identité. »
L’architecte conclut son propos en soulignant l’importance de faire entendre sa voix : « Ce qui se passe au Phare des Mamelles et au Monument de la Renaissance Africaine n’est pas seulement une affaire d’esthétique, c’est une question de respect pour notre histoire. Si vous pensez que c’est inadmissible, il faut bien le dire, et le dire fort. »
Seydou Diallo