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Criminalité économique et financière : Le Pôle Judiciaire Financier officiellement installé

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Le Pôle Judiciaire Financier incarne une volonté ferme de l’État sénégalais de s’attaquer aux racines de la criminalité économique et financière.
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Ce mardi, le Tribunal de grande instance hors classe de Dakar a accueilli la cérémonie d’installation officielle du Pôle Judiciaire Financier (PJF). Ce nouvel organe juridictionnel, à compétence nationale, a pour mission de réprimer les infractions économiques et financières. Lors de cet événement, le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a exhorté les 27 membres du PJF à se consacrer pleinement à leur mission : « Donnez le meilleur de vous-mêmes pour l’atteinte des objectifs qui vous sont assignés ».

 

Le Pôle Judiciaire Financier marque une étape cruciale dans la lutte contre la criminalité financière au Sénégal. Sa création répond à des défis croissants posés par l’évolution rapide de l’économie mondiale, l’expansion des technologies de l’information et de la communication, ainsi que la multiplication des réseaux criminels internationaux. Ce cadre juridictionnel spécialisé vient compléter les dispositifs existants, tels que la Cour des Comptes, l’OFNAC, et la CENTIF, renforçant ainsi les moyens de lutte contre la prévarication.

 

Les origines et les objectifs du PJF

La mise en place du PJF s’inscrit dans la continuité des efforts historiques du Sénégal pour combattre la mauvaise gouvernance et la corruption. Dès 1981, avec la création de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), le Sénégal avait montré sa volonté d’instaurer une gouvernance plus éthique. Toutefois, les critiques formulées à l’encontre de la CREI ont conduit à une réforme aboutissant à la création du PJF, un organe juridictionnel modernisé, adapté aux réalités contemporaines.

 

Contrairement à la CREI, qui se limitait à l’enrichissement illicite, le Pôle Judiciaire Financier a un champ d’action plus large. En plus de traiter des dossiers liés à la corruption, il prend en compte les détournements de fonds publics, les escroqueries, les infractions fiscales et douanières, ainsi que les crimes financiers liés aux technologies de l’information et de la communication. Il s’attaque également à des phénomènes transnationaux tels que le trafic de stupéfiants, le financement du terrorisme, le trafic de migrants, et la piraterie maritime.

 

Cette approche intégrée et plus globale fait du PJF un instrument clé pour la répression des pires formes de criminalité économique, en étroite collaboration avec les juridictions de droit commun. Des mécanismes de gestion des conflits de compétence ont également été mis en place pour garantir l’efficacité de l’action judiciaire.

 

Un engagement fort en faveur de l’indépendance et de l’intégrité

Le ministre de la Justice a insisté sur l’importance de l’indépendance et de l’intégrité dans l’accomplissement de la mission du PJF. Il a promis que l’État mettrait tout en œuvre pour fournir les moyens nécessaires à cette nouvelle juridiction, soulignant l’implication des partenaires au développement dans la réussite de cette entreprise.

 

Le Pôle Judiciaire Financier incarne une volonté ferme de l’État sénégalais de s’attaquer aux racines de la criminalité économique et financière. Il s’agit non seulement de restaurer la confiance des citoyens en la justice, mais aussi de consolider la gouvernance économique et de respecter les engagements internationaux en matière de lutte contre la criminalité transnationale.

 

Avec des attentes élevées et des défis complexes à relever, le PJF devra faire preuve de rigueur, de transparence et de professionnalisme pour répondre aux espoirs placés en lui. Les autorités espèrent qu’il contribuera à asseoir une gouvernance irréprochable et à freiner les dérives financières qui minent le développement économique et social du pays.

 

Perspectives et défis futurs

Dans un contexte où la mondialisation et les nouvelles technologies exacerbent les risques de criminalité économique, la mise en place du PJF représente un signal fort. Cependant, il reste des défis à relever, notamment en matière de formation continue des magistrats et d’amélioration des outils d’enquête. La collaboration inter-institutions, avec des acteurs tels que l’OFNAC, l’Inspection Générale d’État, et la Cour des Comptes, sera cruciale pour garantir l’efficacité des actions engagées.

 

La lutte contre la criminalité économique et financière au Sénégal connaît donc un nouvel élan avec l’entrée en fonction du Pôle Judiciaire Financier. Son succès dépendra de l’engagement sans faille de ses membres, de l’allocation de ressources adéquates et de la volonté politique de maintenir un environnement de transparence et d’intégrité.

 

Seydou Diallo

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La Rédaction

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