PROMISE : Vers une Fiscalité Adaptée à la Finance Islamique au Sénégal
Views: 37793 min readLe Programme de Développement de la Microfinance Islamique au Sénégal (PROMISE) a organisé, ce mardi 3 décembre, un atelier national pour partager les conclusions d’un mémorandum consacré à la fiscalité des instruments de finance islamique. L’objectif principal est de proposer des adaptations de l’environnement fiscal sénégalais aux spécificités de ce secteur en plein essor, à travers le partage d’un mémorandum.
Le mémorandum, fruit du travail d’experts en finance islamique et en fiscalité, identifie les principaux défis fiscaux rencontrés par ce secteur. Il propose des solutions concrètes pour établir une équité entre les produits financiers islamiques et classiques. Ces solutions concernent notamment divers produits de banque, de microfinance, d’assurance islamiques et de Sukuk, qui sont des instruments destinés à mobiliser des ressources à long terme.
« Nous avons fait des propositions concrètes pour les produits financiers islamiques en vue de les mettre au même pied d’égalité que les produits classiques en termes de traitement fiscal. On demande une neutralité fiscale qui réalise une équité entre les différents produits financiers qui visent et qui poursuivent la même substance économique» a expliqué Dr Abdou Diaw, coordonnateur national de PROMISE.
La microfinance islamique, identifiée comme un instrument innovant et un levier de compétitivité pour l’économie sénégalaise, est perçue comme un soutien essentiel pour les entrepreneurs, notamment les jeunes et les femmes. Dr Diaw a souligné que l’absence d’un cadre fiscal adapté entrave la pleine exploitation de ce potentiel.
Dr Diaw a profité de l’occasion pour évoquer les avancées réalisées pour la mise en place de la ligne de financement Moudaraba de 50 millions de dollars. Toutefois, les institutions de microfinance devant bénéficier de cette ligne de refinancement n’ont pas encore d’autorisation pour exercer des activité de finance islamique. Pour éviter de perdre encore cette opportunité, Dr Diaw il semble urgent de trouver une solution politique urgente à cette problématique.
Mamadou Ndiaye, directeur de cabinet au ministère de la Microfinance, de l’Économie sociale et solidaire, a rappelé l’engagement de l’État à mettre à la disposition des Sénégalais une finance islamique plus accessible. Cependant, il a insisté sur la nécessité d’un accompagnement fiscal pour concrétiser cet objectif.
En marge de l’atelier, une convention a été signée entre PROMISE et Al Rahma, une filiale de la Banque Nationale de Développement Économique (BNDE). Cette convention prévoit une ligne de financement de 160 millions de francs CFA, destinée à soutenir les investissements dans la finance islamique.
À l’horizon 2030, la finance islamique devrait jouer un rôle de premier plan dans l’économie sénégalaise, avec des perspectives de croissance significatives. Selon Mamadou Ndiaye, « les institutions financières islamiques se préparent à répondre aux attentes croissantes des investisseurs en adoptant des pratiques éthiques et durables. C’est un domaine en pleine mutation qui attire de plus en plus l’attention des gouvernements », a-t-il affirmé.
Avec ce mémorandum, PROMISE entend poser les bases d’une adaptation fiscale essentielle pour réaliser le plein potentiel de la finance islamique au Sénégal.
Seydou Diallo