Grève de la faim des militaires invalides : un cri de détresse ignoré par les autorités
Views: 18833 min readDepuis le mardi 24 septembre, les militaires invalides, qui ont vaillamment défendu leur patrie, ont entamé une grève de la faim pour dénoncer l’indifférence des autorités face à leur situation critique. Ces anciens combattants, aujourd’hui laissés-pour-compte, demandent une prise en charge digne après des années de service et de sacrifice au profit de la nation sénégalaise. Malgré leurs revendications légitimes, aucune autorité n’a encore répondu à leur appel.
Le président Macky Sall avait pourtant initié un comité ad hoc pour traiter leur dossier et avait commencé à verser des indemnités le 10 décembre 2023. Malheureusement, beaucoup d’ayants droit n’ont toujours pas reçu les sommes qui leur sont dues. De plus, l’allocation pour les médicaments, autrefois fixée à 50 000 F CFA, a été réduite sans explication claire, s’ajoutant à la frustration de ces militaires invalides.
« Nous ne voyons aucune trace des promesses de discrimination positive en notre faveur. Les pensions sont dérisoires, et avec le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter au Sénégal, il devient presque impossible de subvenir à nos besoins », explique Ousmane Fall, un ancien militaire invalide parmi les grévistes. Ils réclament également des logements, comme promis par l’État, mais ces promesses restent jusqu’à présent non tenues.
Une des sources majeures d’agacement est la fermeture de la seule pharmacie qui assurait leur prise en charge depuis 40 ans, sous prétexte qu’elle ne respectait pas les normes. Ce coup dur a davantage mis à mal leur accès aux soins.
Le groupe des grévistes, qui a choisi de camper non loin du ministère de l’Intérieur, espérait une intervention du ministre, le général Jean Baptiste Tine. Cependant, ce dernier est resté silencieux et absent. Seul le commissaire de police de Dakar Plateau a tenté de calmer la situation en rendant visite aux grévistes et en leur demandant de mettre fin à leur mouvement. Une requête qui a été poliment déclinée par les militaires, frustrés par les promesses non tenues des autorités par le passé.
À ce jour, la grève a déjà eu des conséquences dramatiques : huit grévistes ont dû être évacués d’urgence, une évacuation qui a été retardée par l’arrivée tardive des pompiers. « C’est nous-mêmes qui avons dû transporter nos camarades vers les hôpitaux », regrette Fall. Bien que Mame Matar Gueye ait tenté d’agir en tant que facilitateur dans ce conflit, la situation reste bloquée et les grévistes ne comptent pas abandonner leur lutte.
Ces anciens militaires en appellent désormais au président Bassirou Diomaye Faye et à son gouvernement pour qu’ils prennent des mesures immédiates. « Si nos revendications ne sont pas entendues, nous allons intensifier notre mouvement. Nous avons trop souffert en silence », avertissent les grévistes. Leur combat pour la dignité continue, mais le silence des autorités devient de plus en plus assourdissant.
Seydou Diallo