LA REMISE EN CAUSE DES MISSIONS DU MINISTÈRE DES FINANCES ET DU BUDGET PAR LE PREMIER MINISTRE
Views: 2632 min readEn décidant de centraliser la validation des dépenses d’investissement, Ousmane Sonko parasite les missions qui sont dévolues au ministre des Finances.
De plus, valider des dépenses revient logiquement à les moduler ou à les prioriser, alors qu’on nous a toujours vendu la vieille lune d’un budget sincère.
Pourquoi valider des dépenses d’investissements si la «sincérité» de ton budget garantit déjà des «ressources suffisantes et bien estimées conformément aux dépenses d’investissement bien mûries, bien évaluées et à fort impact», comme cela a été pompeusement énoncé dans la loi de Finances ?
N’est-ce pas toi, Ousmane, qui avais engagé la responsabilité de ton gouvernement en nous affirmant à la page 18 de la LFI 2025 que : «La programmation des dépenses d’investissement accorde la priorité à celles qui sont alignées sur les nouvelles orientations politiques, qui contribuent à ses objectifs et qui ont un contenu élevé en matière de formation brute de capital fixe, afin de renforcer le stock d’immobilisations nécessaires à la réalisation des objectifs fixés par l’Agenda» ?
N’est-ce pas vous qui nous avez informés avoir supprimé tous les projets sans lien avec le «Projet» ?
Donc, Koromack, vous avez déjà validé toutes les dépenses d’investissement que vous avez vous même programmé dans le budget !
Si tes estimations de ressources budgtaires sont vraiment sincères, laisse tes ministres dérouler sous la supervision du ministre en charge du Budget.
Je tiens également à t’informer que nous sommes dans la phase de mise en œuvre de la transposition des directives du cadre harmonisé des finances publiques au sein de l’UEMOA, qui consacre l’ère du budget programme et de la gestion axée sur les résultats, avec une responsabilisation accrue des responsables de programme qui héritent ainsi de la fonction d’ordonnateur des dépenses. En centralisant la validation des dépenses d’investissement, vous risquez de nuire à l’efficacité des gestionnaires de programmes, de freiner la décentralisation des responsabilités, de réduire la flexibilité et l’adaptabilité nécessaires dans un système axé sur les résultats, et d’alourdir ainsi la bureaucratie.
Le rôle des responsables de programme serait donc limité, ce qui pourrait diminuer leur responsabilité dans l’atteinte des objectifs. Avec cette decision, il ne serait plus nécessaire de signer des contrats de performance avec eux; désormais, l’État devrait se contenter d’en signer avec Ousmane Sonko, alpha et oméga de l’investissement de l’État.
Par Papa Malick NDOUR, Ancien ministre