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l’analyse du discours du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye

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Le discours du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale est un moment politique clé qui souligne des tensions entre l’exécutif et la législature au Sénégal. Voici une analyse approfondie de ce discours, qui comporte des éléments de justification politique, de critique institutionnelle, et de projection d’une vision de gouvernance.

 

1. Justification de la Dissolution de l’Assemblée Nationale

Le Président Diomaye Diakhar Faye base sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale sur plusieurs arguments centraux, notamment les dysfonctionnements dans la gestion des finances publiques et l’incapacité de la majorité parlementaire à soutenir sa vision de réforme. Il fait référence à un audit des finances publiques qui aurait révélé une « gestion publique empreinte de légèreté » et des « dérapages » financiers. Cette utilisation d’un audit comme justification de la dissolution vise à légitimer sa décision en se basant sur des faits supposés objectifs et techniques.

 

Cependant, cette approche peut être perçue comme une tentative de délégitimer la majorité parlementaire en place, en la présentant comme inefficace et en opposition à la volonté du peuple. Cela place le Président dans une position de « sauveur » cherchant à corriger les erreurs du passé et à aligner les institutions sur sa vision.

 

2. Critique de la Majorité Parlementaire

Dans son discours, le Président critique ouvertement la majorité parlementaire, l’accusant de bloquer les réformes et de contrecarrer la volonté populaire exprimée lors des élections présidentielles de mars 2024. Il mentionne des actions spécifiques comme le refus de tenir le débat d’orientation budgétaire et le rejet d’un projet de loi constitutionnelle visant à supprimer certaines institutions jugées coûteuses.

 

La critique la plus marquante est celle concernant la fixation par l’Assemblée de la date du 11 septembre 2024 pour la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko, date que le Président a contestée et modifiée au 13 septembre 2024, affirmant que l’Assemblée avait « outrepassé ses prérogatives constitutionnelles ». Cela reflète une lutte de pouvoir directe entre l’exécutif et le législatif, où chaque branche cherche à affirmer son autorité. La dissolution est alors présentée comme une réponse à cette « insubordination » institutionnelle, visant à restaurer l’ordre constitutionnel et à rappeler l’autorité de l’exécutif.

 

3. Réaffirmation de l’Autorité Présidentielle et de la Transformation Systémique

En fixant la date des nouvelles élections législatives au 17 novembre 2024, le Président cherche à reprendre le contrôle du calendrier politique. Cette initiative montre une volonté de réinitialiser le cadre parlementaire pour obtenir une majorité favorable à son programme de réformes. L’appel à une « nouvelle représentation parlementaire » qui reflète « les aspirations profondes de changement » est un appel direct aux électeurs pour qu’ils choisissent des représentants alignés avec sa vision de transformation systémique.

 

4. Impression de Conflit de Pouvoir et Risques Politiques

Le discours met en évidence un conflit de pouvoir entre l’exécutif et la législature. Le Président présente l’Assemblée nationale comme un obstacle à la mise en œuvre de son programme, la décrivant comme anachronique et opposée à la volonté populaire. Cependant, cette approche comporte des risques politiques, notamment l’accusation de dérive autoritaire, car la dissolution de l’Assemblée est une mesure extrême dans un système démocratique. Le fait que le Président ait fixé la date de la déclaration de politique générale du Premier ministre, après avoir critiqué l’Assemblée pour avoir fixé une autre date, peut être perçu comme une tentative de centraliser davantage de pouvoir.

 

5. Impact Potentiel et Réactions Anticipées

La dissolution de l’Assemblée nationale va probablement susciter des réactions diverses. Du côté de ses partisans, cette décision sera vue comme un acte de courage politique et de réforme nécessaire. Du côté de l’opposition et de la majorité parlementaire dissoute, elle sera probablement perçue comme un acte antidémocratique visant à museler l’opposition et à consolider le pouvoir exécutif.

 

En conclusion, le discours du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye sur la dissolution de l’Assemblée nationale marque un tournant politique important au Sénégal, révélant une volonté d’affronter de front les institutions parlementaires et de remodeler la scène politique selon une vision centralisée du pouvoir. Ce développement pourrait conduire à des tensions accrues et à une polarisation politique, tout en ouvrant la voie à une nouvelle phase d’incertitude politique et institutionnelle au Sénégal.

 

 

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La Rédaction

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