Les obligations sénégalaises en chute libre après la dégradation de la note souveraine par S&P

DakarActu — Les obligations en dollars du Sénégal ont enregistré une baisse significative ce lundi, à la suite de la dégradation de la note de crédit du pays par S&P Global Ratings, plongeant davantage la confiance des investisseurs dans l’économie sénégalaise.
Les titres arrivant à échéance en 2031 ont reculé de 0,3 %, tombant à 87,44 cents par dollar, tandis que les obligations à maturité en 2048 ont chuté de 0,2 %, s’établissant à 67,17 cents par dollar. Ces mouvements traduisent la nervosité des marchés face à la détérioration des indicateurs macroéconomiques du pays.
Une dégradation qui accentue la pression sur l’économie
Vendredi dernier, S&P a abaissé la note de change à long terme du Sénégal à B, soit cinq crans en dessous du seuil d’investissement. Cette décision s’appuie sur les conclusions d’un audit révélant une dégradation plus marquée que prévu des finances publiques, avec des déficits budgétaires persistants et une dette en forte hausse.
Cette rétrogradation intervient dans la foulée de celle de Moody’s, qui avait abaissé la note sénégalaise à B3 le mois précédent, signalant une aggravation des risques pour les créanciers internationaux.
Une dette publique sous tension
D’après un rapport de la Cour des comptes, la dette publique du Sénégal a explosé à 99,7 % du PIB en 2023, contre 65,6 % en 2019, tandis que le déficit budgétaire a été réévalué à 12,3 % du PIB, bien loin des 4,9 % annoncés initialement. S&P estime que la dette devrait se maintenir autour de 100 % du PIB dans les prochaines années, limitant considérablement les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement.
Réaction attendue du Trésor sénégalais
Face à cette situation alarmante, le Syndicat unique des Travailleurs du Trésor (SUTT) a convoqué la presse pour une déclaration officielle ce mercredi 5 mars 2025 à l’hôtel Le Ndiambour de Dakar à 15 heures. Cette rencontre sera l’occasion d’apporter des clarifications sur le rapport de la Cour des comptes et d’esquisser les mesures envisagées pour restaurer la stabilité financière du pays.
Cette conjoncture critique souligne l’urgence pour le Sénégal d’engager des réformes structurelles profondes afin de rassurer les marchés, protéger sa souveraineté économique et relancer une trajectoire de croissance durable.
Seydou Diallo