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Mali : Assimi Goïta, seul contre tous — chronique d’une chute inévitable

Ancien allié devenu opposant farouche, Choguel Maïga n’a pas tardé à dénoncer publiquement les dérives de la junte
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Bamako, 6 mars 2025 — Le vent tourne pour le chef de la transition malienne, Assimi Goïta. Isolé, contesté de toutes parts, l’homme fort du Mali se retrouve pris au piège d’un pouvoir qu’il pensait maîtriser. Le départ précipité et conflictuel de l’ancien Premier ministre Choguel Maïga semble n’avoir été que le prélude à une tempête politique qui menace désormais d’emporter tout le régime.

 

Choguel Maïga : le fauve qui a flairé la chute

Ancien allié devenu opposant farouche, Choguel Maïga n’a pas tardé à dénoncer publiquement les dérives de la junte. Depuis son limogeage, il multiplie les sorties pour pointer du doigt l’exercice solitaire du pouvoir par Assimi Goïta, l’impasse politique et les violations des engagements pris envers le peuple malien et la communauté internationale.

 

Maïga, figure clé du M5 — mouvement qui a précipité la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta — revendique désormais son rôle de déclencheur de la transition. Il rappelle que sans la mobilisation populaire, l’armée n’aurait jamais eu la légitimité d’intervenir. Aujourd’hui, il accuse Goïta d’avoir trahi cet élan démocratique en étouffant toute voix discordante et en repoussant indéfiniment le retour à l’ordre constitutionnel.

 

Des alliés stratégiques pour préparer la riposte

Mais Maïga ne joue pas en solo. Il a su préserver des alliances précieuses, notamment avec le ministre de la Défense, Sadio Camara, artisan des deux coups d’État successifs. Ce dernier, bien que discret, reste un pivot central du régime et semble toujours protéger son ancien poulain politique.

 

À cette équation s’ajoute Malick Diaw, président du Conseil national de transition (CNT), qui refuse de voir son institution réduite à un simple organe d’enregistrement des décisions de la junte. En désaccord avec la prolongation indéfinie de la transition et les vagues d’arrestations, Diaw devient à son tour une cible du clan Goïta, qui envisagerait même de dissoudre le CNT pour l’écarter.

 

Un pouvoir fragilisé de l’intérieur

Assimi Goïta se retrouve ainsi cerné : attaqué par ses anciens alliés civils, critiqué par une partie de son propre cercle militaire, et confronté à une grogne grandissante dans les rangs de l’armée. Les arrestations arbitraires, la gestion opaque des ressources publiques et la concentration du pouvoir autour d’un noyau restreint alimentent un mécontentement profond qui pourrait bien se transformer en révolte.

 

Choguel Maïga : pyromane ou stratège ?

En soufflant sur les braises, Choguel Maïga semble jouer une carte dangereuse mais calculée. En multipliant les révélations et en exposant les tensions internes, il prépare peut-être l’opinion publique à une nouvelle secousse politique, voire à un coup de force. Reste à savoir s’il agit uniquement pour sa propre revanche ou s’il incarne véritablement l’espoir d’un renouveau démocratique.

 

Une chose est certaine : l’étau se resserre autour d’Assimi Goïta, et chaque jour qui passe rapproche un peu plus la transition malienne d’un point de rupture. La chute du général, autrefois acclamé comme un héros de la souveraineté nationale, apparaît désormais comme une issue presque inévitable.

À suivre…

Samir Moussa

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La Rédaction

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