Propos percutants de Mohamed Zongo : Révolutionner l’Agriculture pour l’Avenir de l’Afrique
Views: 7593 min readMohamed Zongo, directeur exécutif de l’agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation de la CEDEAO, tire la sonnette d’alarme. Selon lui, si rien n’est fait, les importations alimentaires de l’Afrique pourraient atteindre 120 milliards de francs CFA, mettant en péril des millions d’emplois et l’autosuffisance alimentaire du continent. Il appelle à une réforme urgente et coordonnée des politiques agricoles et de gouvernance.
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Lors de son discours, Mohamed Zongo a souligné une réalité préoccupante : l’Afrique importe plus de 30 milliards de francs CFA de denrées alimentaires chaque année, un chiffre qui pourrait quadrupler si aucune action n’est prise. « Importer de la nourriture, c’est exporter des emplois », a-t-il déclaré, mettant en avant la nécessité de repenser les stratégies agricoles pour favoriser la production locale.
Zongo a insisté sur le fait que le véritable obstacle à l’autosuffisance alimentaire n’était pas le manque de ressources financières, mais plutôt des problèmes de gouvernance et de priorités. Il a appelé la CEDEAO et les pays africains à tirer des leçons des échecs des 10 à 15 dernières années et à mettre en œuvre des réformes transparentes et efficaces.
Un exemple concret de cette inefficacité réside dans le secteur de l’élevage. Par exemple, le Sénégal importe plus de 100 millions d’euros de lait en poudre chaque année, alors que le pays dispose de 55 000 vaches et de 90 000 hectares de terres cultivables. « Nos producteurs locaux ont montré qu’ils peuvent répondre aux besoins du pays », a affirmé Zongo, illustrant ainsi le potentiel inexploité de l’agriculture locale.
Il a également mentionné les initiatives prises par divers pays et organismes pour améliorer la situation, mais a souligné que des efforts coordonnés sont essentiels. « Avec 40 magasins de 5 000 tonnes, le Sénégal pourrait résoudre ses problèmes de stockage de fruits et légumes », a-t-il expliqué, prônant une meilleure gestion des infrastructures existantes.
Zongo a salué les efforts du président de la Banque de développement qui a fait de l’agriculture une priorité, mais a insisté sur la nécessité d’une approche holistique. Il a appelé à l’adoption de technologies modernes telles que les systèmes de goutte-à-goutte et les forages solaires pour garantir une production agricole continue tout au long de l’année.
En conclusion, Zongo a lancé un appel à l’action. « Il est temps que la CEDEAO et les pays africains considèrent la sécurité alimentaire comme une priorité absolue et mobilisent les ressources nécessaires pour transformer le secteur agricole », a-t-il affirmé. Selon lui, compter sur l’aide au développement ne doit plus être une solution permanente. Il a encouragé les pays à utiliser cette aide comme un tremplin vers l’autosuffisance, afin de mettre fin à la dépendance alimentaire et d’assurer un avenir prospère pour les générations futures.
Avec ses propos incisifs et sa vision claire, Mohamed Zongo nous rappelle que l’autosuffisance alimentaire en Afrique est non seulement possible, mais essentielle pour le développement durable du continent.
Seydou Diallo