Depuis six mois, le pouvoir fait tout pour mettre des bâtons dans les roues au nouveau maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu. Les banques publiques, principaux créanciers de la mairie depuis des décennies, refusent notamment de le financer.

Il y a tout juste six mois, le 23 juin, un séisme politique secouait la Turquie. Istanbul, la plus grande ville du pays, passait aux mains de l’opposition. Après 25 ans de règne, Recep Tayyip Erdogan a vécu la perte de cette mégapole comme une humiliation. Il ne l’a toujours pas digérée.

Au lendemain de son élection, le nouveau maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, avait tendu la main au président Recep Tayyip Erdogan, l’appelant à « travailler ensemble ». Au lieu de cela, le pouvoir central s’est employé ces six derniers mois à court-circuiter les efforts du nouveau maire.

Refus de prêts des banques publiques

Depuis son élection, les banques publiques ont refusé de lui prêter le moindre centime, alors qu’elles faisaient crédit depuis des décennies à la mairie de la plus grande ville turque. Pour financer ses projets et régler les dépenses courantes, Ekrem Imamoglu a dû se tourner vers des banques privées et des créanciers étrangers.

Tarik Balyali, porte-parole au conseil municipal du Parti républicain du peuple (CHP), le parti du maire, juge la situation absurde : « Tous les comptes de la mairie sont détenus dans ces banques d’ÉtatL’intégralité des salaires des employés municipaux est versée depuis ces comptes. Et malgré cela, on nous refuse le moindre crédit ! »

Ordre « d’en haut »

Cet élu n’en doute pas : l’ordre est venu « d’en haut », du sommet de l’État. Et l’objectif est tout aussi clair à ses yeux : « Le but est évidemment de nous compliquer la tâche, de nous empêcher de donner satisfaction aux StambouliotesMais le mal que vous faîtes à la mairie d’Istanbul, vous le faites à tous ses habitants et, au final, à toute la Turquie. C’est donc illogique et, à mon avis, contreproductif. »

Istanbul n’est pas la seule concernée. Toutes les grandes municipalités remportées par l’opposition aux dernières municipales, dont la capitale Ankara, se heurtent aux mêmes refus de crédit des établissements publics qui les finançaient jusqu’ici.

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