Turquie: un nouveau parti s’attaque à Recep Tayyip Erdogan
Views: 932 min readJeudi 12 décembre, Ahmet Davutoglu, ancien Premier ministre et compagnon de route du président turc, a officiellement enregistré sa formation politique, baptisée « Parti de l’avenir ». Il s’en est expliqué ce vendredi lors d’une conférence de presse dans la capitale, Ankara. La Turquie compte donc un nouveau parti politique et Recep Tayyip Erdogan a des raisons de s’inquiéter.
De notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
La scission est donc actée au sein du parti au pouvoir en Turquie, l’AKP de Recep Tayyip Erdogan. Après des mois de spéculations et une démission fracassante en septembre, l’ancien Premier ministre Ahmet Davutoglu dirige désormais le Parti de l’avenir. Son logo ? Une feuille de platane, présentée comme symbole d’attachement aux principes et traditions. Son électorat-cible ? Précisément celui de la formation présidentielle: les conservateurs, en priorité.
« Liberté de se rassembler, de critiquer, de manifester »
Ahmet Davutoglu a tenu sa conférence de presse – et ce n’est pas un hasard – dans l’hôtel d’Ankara où, il y a 18 ans, Recep Tayyip Erdogan annonçait la création de l’AKP. Dans son discours, l’ancien Premier ministre a réaffirmé son opposition au régime actuel, sans jamais le nommer. « Notre objectif, c’est la liberté d’expression et de croyance. C’est la liberté de se rassembler, de critiquer, de manifester. La liberté de la presse et le respect de l’État de droit sont des besoins fondamentaux d’une société démocratique. Détruire tout cela, uniformiser la presse par des méthodes irrégulières et oppressives, aboutit à réduire les capacités intellectuelles de la Turquie », a affirmé Ahmet Davutoglu en conférence de presse.
Depuis des mois, Recep Tayyip Erdogan assiste à l’érosion de sa base électorale. Aux dernières élections locales, l’AKP a perdu plusieurs métropoles, dont Istanbul et Ankara. Cette première scission risque d’affaiblir davantage le parti au pouvoir et l’image de chef incontesté dont se prévalait Recep Tayyip Erdogan.
Le président turc est d’autant plus inquiet qu’un ancien vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, Ali Babacan, pourrait lui aussi annoncer la création de son parti avant la fin de l’année.
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