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Bassirou Diomaye D Faye:une soumission au Premier ministre assumée !

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Dans un revirement inattendu, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye semble avoir abandonné ses prérogatives constitutionnelles, transférant la gestion de l’État à son Premier ministre, Ousmane Sonko. Ce bouleversement institutionnel soulève des inquiétudes quant à l’avenir de la démocratie sénégalaise.

 

Le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a décidé de céder l’essentiel de ses pouvoirs au Premier ministre Ousmane Sonko, instaurant ainsi un régime de gouvernance inédit. Cette décision, en apparence anodine, bouleverse la structure institutionnelle du pays, transformant le Président en une figure monarchique régnante mais non gouvernante, tandis que le Premier ministre devient l’homme fort du régime. Le Sénégal, autrefois gouverné par un chef omnipotent, est désormais dirigé par un Premier ministre omniscient. Une tragédie institutionnelle en gestation ?

 

Les récents discours du Président Faye, prononcés à la suite de sa prise de pouvoir le 2 avril dernier, tentent de justifier ce glissement en pointant du doigt un prétendu chaos laissé par ses prédécesseurs. Mais ces arguments manquent de poids et peinent à convaincre. Pire, la dissolution de l’Assemblée nationale, décidée à peine quelques semaines après sa convocation pour débattre de la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre, a plongé le pays dans une confusion politique.

 

La question que beaucoup se posent est la suivante : pourquoi Ousmane Sonko, en dépit de son devoir constitutionnel, a-t-il refusé de présenter cette DPG ? Cette absence de transparence alimente les spéculations sur une crise latente entre le Président et son Premier ministre. Ce refus obstiné de confronter les députés semble être le signe d’une fragilité dans l’exercice du pouvoir, à la fois du Premier ministre et du Chef de l’État.

 

Dans son adresse à la nation, le 12 septembre 2024, le président Faye a clairement montré des signes d’agacement, voire de colère, lorsqu’il a accusé les parlementaires d’empiéter sur ses prérogatives. Pourtant, comme le stipule la Constitution, la dissolution de l’Assemblée est bien de son ressort. Ce geste extrême, même légitime, reste néanmoins dangereux pour la stabilité du pays. Une décision présidentielle, surtout lorsqu’elle concerne l’avenir des institutions républicaines, ne doit jamais procéder d’une soif de vengeance ou d’une volonté de dominer. Elle doit être pesée avec soin, car elle engage l’avenir de la nation.

 

Jean d’Ormesson, l’académicien français, le disait bien : « Une langue qui faiblit, c’est un pays qui vacille ». Et, ce 12 septembre, c’est la parole présidentielle qui a faibli, fragilisant ainsi l’État et ses institutions. Le peuple sénégalais, seul détenteur de la souveraineté nationale, a été pris de court par cette manœuvre. Convoqué pour un débat crucial, il s’attendait à un affrontement d’idées sur la DPG, mais s’est retrouvé face à une dissolution impromptue de l’Assemblée. La ruse a pris le dessus sur la sincérité, et l’État en sort affaibli.

 

En fin de compte, qu’a gagné le Président Faye dans cette bataille ? Rien de significatif, à en juger par la colère qui gronde dans les rangs des citoyens. En revanche, ce qu’il a perdu est inestimable : sa crédibilité. En voulant protéger son Premier ministre, qui refusait d’accomplir son devoir constitutionnel, le Président a sacrifié sa propre autorité morale. Il est évident que cette décision aura des répercussions graves, non seulement sur la stabilité politique du pays, mais aussi sur la confiance que les Sénégalais placent en leurs institutions.

 

Comme le disait Sénèque : « La colère est comme une avalanche qui se brise sur ce qu’elle brise ». En choisissant la voie de la colère et de la vengeance, le Président a peut-être entamé une descente dangereuse pour le pays. Une avalanche dont personne ne peut prédire les conséquences.

 

Le transfert de pouvoir entre le Président Faye et son Premier ministre, en passant par la dissolution inattendue de l’Assemblée nationale, plonge le Sénégal dans une période d’incertitudes institutionnelles. Il est impératif que le Président regagne la confiance du peuple et des institutions, sous peine de voir cette crise se transformer en instabilité durable.

 

Abdou Latif Coulibaly

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La Rédaction

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